Fer à cheval
.Le fer à cheval est une bande de métal recourbée en U servant à protéger de l'usure le dessous des sabots des équidés. L'invention date du IXe siècle.
Le maréchal-ferrant est l'artisan spécialiste du ferrage des chevaux. Autrefois sédentaire et de surcroît forgeron, le maréchal-ferrant moderne est spécialisé et déplace son matériel d'un site à l'autre pour ferrer les équidés là où ils se trouvent, même sur leurs lieux de pâturage.
Selon l'emploi fait du cheval, c'est-à-dire travail ou équitation, et l'état ou pathologie des sabots (ferrure orthopédique), les fers ont différentes formes et sont constitués de matériaux adaptés.
Les fers à cheval modernes sont forgés en acier et cloués sur le sabot
Historique Les Grecs ne connaissaient pas la ferrure. Xénophon mentionne l'embatai, pièce de cuir lacée pour protéger les pieds dans les terrains abrasifs. Vers 330 avant JC, les opérations militaires de cavalerie d'Alexandre le Grand ont dues être interrompues pour permettre aux chevaux de reformer la corne de leurs pieds.
Toutefois, l'opinion de Diderot dans son encyclopédie est différente[1] ; cependant, Homere et Appien font mention d'un fer à cheval, le premier dans le 151e vers du second livre de l' Iliade, l'autre dans son livre de bello mithridatico.
Les Romains ont inventé l'hipposandale : pièce de métal recouvrant la corne et remontant en partie sur le sabot, maintenue par des lacets de cuir. Il est mentionné que l'empereur Néron faisait ferrer ses chevaux de fers d'argent, et sa femme Poppée ses mules d'or[2]. Le moyen de tenue n'est hélas pas précisé. Une forme moderne de l'hipposandale existe de nos jours mais son utilisation est marginale.
Des fouilles des tumuli de guerriers mongols de cette époque ont retrouvé des fers circulaires, fixées uniquement sur leur bord d'appui externe.
Au début du Moyen Âge, apparaît le fer cloué. Le pinçon apparaît lui vers le XVe siècle.
La maréchalerie se codifie avec Jacques de Solleysel [3](1664), A de Garsault[4] (1771), Philippe-Étienne Lafosse[5] (1803), et Claude Bourgelat[6] (1804).
Avec le développement de l'art vétérinaire, apparaissent au XIXe siècle et XXe siècles des ferrures orthopédiques complexes.
Le XXe siècle voit avec l'apparition de nouveaux matériaux et alliages, le développement des fers en aluminium, en matière plastique, les amortisseurs à base de silicone et les résines composites pour renforcer la paroi des sabots.
Parties du fer Vue d'un pied ferré en coupe
Clou à ferrer
On décrit au fer quatre parties, la pince (partie avant), la mamelle puis le quartier (parties latérales) et enfin l'éponge (partie arrière). Les bords du fer sont appelés rives, la distance entre les rives est appelée couverture.
La voûte est la rive interne du fer correspondant à la pince en rive externe.
Les fers sont percés de trous destinés à permettre le passage des clous. L'extrémité du trou située vers le sol est appelée étampure, celle dirigée vers le sabot est appelée contre-perçure. Le fer est dit étampé à gras quand les étampures sont éloignées de la rive externe, étampé à maigre dans le cas contraire.
les pinçons sont des rebords du fer, de forme triangulaire, destinés à stabiliser la tenue du fer. Le plus souvent, les fers antérieurs portent un seul pinçon tandis que les postérieurs deux.
Des mortaises à crampons peuvent être creusées sur le fer ; il s'agit d'orifices filetés permettant de visser des crampons sur le fer afin d'améliorer la tenue sur terrain glissant.
La garniture est la largeur du fer dépassant à l'extérieur du pied et l'ajusture la partie du fer qui n'est pas en contact avec le sabot à l'intérieur du pied. L'ajusture est parfois biseautée pour soulager l'appui de certaines parties du pied.
Les fers antérieurs sont de forme arrondie, de largeur et de longueur presque égales avec des éponges arrondies.
Les fers postérieurs sont plus ovales, plus épais et plus couverts en pince.
On distingue les fers droits des fers gauches par leur branche interne plus droite et étampée plus à maigre que la branche externe.
Clous Les clous à ferrer comportent plusieurs parties :
la tête, composée de la frappe destinée à recevoir les coups de marteau, et le collet qui va s'enfoncer dans l'étampure. Le collet du clou doit être adapté à l'étampure et à la rainure du fer.
la lame de longueur adaptée à la taille du pied est prolongée par le grain d'orge.
le grain d'orge est un renflement qui fait dévier le clou vers l'extérieur du pied. La partie oblique du grain d'orge est appelée affilure, elle doit être placée vers l'intérieur du pied.
une fois le clou planté, son extrémité extérieure est recourbée et coupée formant ainsi le rivet.
Méthodes de ferrure
Travail pour ferrer les chevaux lourds
ferrure à la française : le fer est chauffé puis ajusté à la tournure plantaire du pied. La corne étant un isolant, le fer peut être posé à chaud, pour permettre de rectifier sa tournure après vérification lors du posé. Le maréchal-ferrant se fait seconder par un aide (« le teneur de pieds ») qui maintient le sabot à la main en s'aidant d'une lanière de cuir.
ferrure à l'anglaise : le maréchal-ferrant ferre seul, à chaud ou à froid, en maintenant le sabot sur ou entre les genoux. Cette méthode de ferrure s'est généralisée en France. Outre l'économie d'une personne, elle permet au maréchal-ferrant d'avoir une bonne vision du sabot.
ferrure au travail : Le cheval est immobilisé dans un bâti au moyen de sangles. Cette technique n'est guère plus utilisée, elle servait principalement pour les bœufs et les chevaux lourds. Elle est considérée comme très coercitive et réservée aux cas difficiles.
Voir l’article Maréchal-ferrant.
Différents types de fers les fers couverts en général moins épais, permettent une meilleure protection du pied. Ils peuvent être élargis dans leur ensemble ou seulement dans une partie (demi-couverts, couverts en pince, en éponge, etc).
les fers dégagés sont plus étroits et légers, ils sont principalement utilisés en course.
les fers nourris sont plus épais que la normale, ils peuvent être à la marchande c'est-à-dire d'épaisseur constante ou nourris en pince, en mamelle, en branche interne ou externe. Ces fers s'utilisent pour remédier à des défauts d'aplomb ou pour protéger des pieds sensibles
les fers tronqués dans diverses parties sont utilisés pour protéger les membres des chevaux qui forgent (touchent l'éponge du fer antérieur avec la pince du postérieur) ou s'atteignent (se blessent les membres avec leur fer).
les fers à pantoufle ou désencasteleurs ont la rive interne plus épaisse que la rive externe pour permettre aux talons de s'écarter.
les fers à planche ont les éponges réunies par une barre de métal permettant un bon appui au niveau de la fourchette. Ils sont utilisés dans la ferrure de la maladie naviculaire.
les fers schneider ont une planche réunissant les éponges et une seconde, perpendiculaire à la première fixée sur la voute, est utilisé dans les fourbures.
les fers ovales ou egg bar shoes soulagent la partie postérieure du pied.
les fers à tous pieds sont utilisés comme secours en randonnée. Ils sont articulés en pince et percés de nombreuses étampures, de façon à ne pas devoir transporter un assortiment complet de fers.
les fers inversés dont la pince est dirigée vers l'arrière sont utilisés pour favoriser le déroulement de la foulée.
les fers en plastique type Easywalker (TM) peuvent permettre un meilleur confort et un allègement de la ferrure.
des plaques de cuir ou de matière plastique peuvent être interposées entre le fer et le sabot. Elles jouent un rôle de protection de la sole et d'amortissement. Du silicone peut également être injecté sous la plaque pour en renforcer les effets.
Accidents de ferrure la piqûre est la pénétration d'un clou dans les parties vives du pied.
l'enclouure est une piqûre non rectifiée avec souvent formation d'un abcès.
le pied serré est la conséquence d'un fer broché trop près des éponges et ne permettant pas à la fourchette de jouer son rôle amortisseur.
la sole chauffée ou brûlée est due à l'application trop prolongée d'un fer trop chaud.
Hippologie On dit « Pas de pied, pas de cheval », ce qui résume l'importance de la santé des pieds du cheval pour fournir un travail. Le fer à cheval joue un rôle de protection du sabot et l'épargne d'une usure prématurée. En fonction de la vitesse de pousse de la corne et des conditions d'utilisation du cheval, la ferrure devra être renouvelée toutes les 6 à 8 semaines. Dans la nature, un cheval n'a pas besoin de fer car la vitesse de pousse de la corne est égale à sa vitesse d'usure. Le cheval domestique, soumis à des contraintes de travail (porter un cavalier, se déplacer sur des sols abrasifs comme le sable) doit être ferré. Certains chevaux domestiques ne nécessitent pas de fer aux pieds postérieurs.
Porte-bonheur
Légende de saint Dunstan
Le fer à cheval est considéré comme un objet ayant des vertus porte-bonheur. Cette vertu légendaire vient sans doute du fait qu'un fer à cheval égaré était revendu au forgeron et permettait ainsi d'en récolter quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Les fers à cheval, du fait du martelage à froid qu'ils subissent, étaient refondus pour divers usages. Les fers à cheval usagés et reforgés étaient nommés lopin bourru. Le fer en tant que métal protégerait des mauvaises influences et du malheur. On voit également dans sa forme l'initiale du Christ ou le croissant de lune, symbole de fertilité et de chance. Pour porter bonheur, le fer doit être placé les éponges vers le haut : « pour que le bonheur ne tombe pas » ! Il faut également qu'il soit trouvé par hasard sur la route, et de préférence encore muni de ses clous.
Une autre origine de cette tradition est la légende de saint Dunstan, forgeron qui deviendra archevêque de Canterbury en 959. Le diable lui ayant amené son cheval à ferrer, Dunstan cloua le fer sur le pied fourchu du démon. Celui ci dut promettre, afin d'être libéré, de ne jamais entrer dans une maison protégée par un fer à cheval.